Bien chez soi, à Montréal

Quand tout se passe aussi bien dans une expatriation on ne voit pas le temps passer. Tout s'enchaîne : de l'appartement au boulot, en passant par le compte en banque et l'abonnement de téléphone, internet, électricité, les meubles et les voisins bruyants, la découverte du quartier avec ses meilleures boulangeries et ses cafés sympas, l'assimilation du mélange des deux langues, les habitudes de tous les jours et les plans pour le week end...
Mais après un certain temps, deux petits mois en ce qui me concerne, je sens la France déjà siiii loin que je me plais à traquer toutes ces petites choses qui me font sourire en les repensant et surtout qui font tout simplement que ça y est, je me sens enfin chez moi, ici, à Montréal.

En voici une première liste, mais elle pourrait s'éterniser encore et encore, car c'est dans les détails que l'on se voit changer, que l'on se voit enrichir et grandir.

Pour ce qui est de mon vécu, je crois que tu es enfin Montréalais quand :

- tu sais ce que veulent dire : "Ostie", "Crisse", "Calisse" et "Tabernak"
- si tu es arrivé en plein hiver et que finalement tu trouves qu'il fait super chaud quand il fait +9° et que tu entends un oiseau piailler au premier rayon de soleil
- tu reçois ta première facture à ton nom dans la boîte aux lettres
- tu peux passer un week end entier à ne rien faire sans culpabiliser ou chercher à faire une démarche administrative ou de recherche d'emploi
- tu sais où tu peux trouver la meilleure baguette la plus proche de chez toi
- tu donnes des indications d'orientation à quelqu'un perdu dans la rue
- tu rentres spontanément dans la file d'attente rangée le long du trottoir à l'arrêt de bus
- tu manges 8 à 10 fruits et légumes par jour et tu ne te plains plus de devoir aller à une séance de sport
- tu as goûté au Bagel, au vrai sirop d'érable et à la poutine
- tu as dans ta garde robe une paire de ski, des patins à glace ou une luge prêts à l'emploi
- des mots te viennent d'abord en anglais avant même le français et que tes phrases prennent une drôle de tournure à l'anglaise
- tu ne te préoccupes plus de savoir si la couleur de ton pull va avec celle de ton sac à main
- tu sais que le bouton "SS" dans l'ascenseur n'a rien a voir avec la 2eme guerre mondiale mais veut dire tout simplement : sous-sol
- tu ne t'inquiètes pas d'avoir oublié ton appareil photo numérique tout neuf dans un restaurant bondé car tu sais que tu le retrouveras intact
- tu as enfin compris que la rue Saint Laurent coupe la ville en deux et que donc d'un côté c'est l'Est et l'autre l'Ouest de la ville
- tu ne t'étonnes plus de tous les jeux de mots farfelus que tu trouves sur les enseignes des boutiques
- tu ne dis plus "je vais à l'épicier du coin" mais "je vais au dépanneur en bas"
- tu t'intéresses aux graffitis sur les murs car ici ils sont vachement beaux
- tu demandes toujours le croisement des rues où tu te rends car tu sais qu'elles sont interminables
- tu souris avant même d'ouvrir la bouche quant un inconnu t'interpelle
- tu dis "criss y fait frête" à la place de "put... y fait froid"
- tu demandes au livreur de pizza comment il va et tu trouves au moins deux sujets de conversation avant de payer ta pizz'
- tu affrontes une flaque d'eau de face et de plein pied au lieu de la contourner
- les gens à qui tu t'adresses ne te disent plus : "ça fait pas longtemps que vous êtes ici non ?"
- tu finis par "souper" (et non dîner) à 7h du soir voir même avant si la journée a été longue
- tu ne râles pas à l'idée de laisser un pourboire pour le service en quittant la table d'un restaurant
- quand tu dis "cet été je pars dans le Sud" tu ne penses pas à la Côte d'Azur mais à Cuba ou au Mexique

- ... à suivre................