Il a été introduit par les juifs exilés de Pologne et de Russie, dans ce quartier du Mile End qui reste aujourd'hui le leur, et le mien par la même occasion. Il est dit sur tout le continent et sur les autres aussi, que le Bagel québécois est le meilleur, qu'il n'a rien à voir avec celui que l'on peut trouver aux Etats-Unis. Fierté pour les Québécois, il est servi nature, en sandwich, accompagnant un thé ou un café, tartiné, beurré, grillé ou non, c'est selon.
Bien plus qu'un trou, cette viennoiserie de forme ronde, percée en son milieu et originellement garnie de sésame, est préparée ici avec des ingrédients qui la rendent plus sucrée que les Bagels américains. Attention, ce n'est pas la seule chose qui le rend incomparable.
Oui, le Bagel québécois est unique, et fabriqué à milliers d'exmplaires par jour. Des p'tits trous, des p'tits trous d'accord, mais lequel choisir ??
Incomparable en dehors de ses frontières très bien, mais qu'en est-il au sein même du Québec ? De la ville de Montréal pour être plus précis...
J'ai emménagé il y a peu de temps rue Clark, dans le fameux quartier très agréable du Mile End et très précisément au milieu entre deux grands fabricants de bagels : Les Bagels St Viateur, rue Saint Viateur, et Les Bagels Fairmount, naturellement rue Fairmount.
Je me suis alors laissée dire que ces deux antres du Bagel étaient LA référence en la matière, les incontournables du genre. Sauf erreur de ma part je n'ai d'ailleurs pas vu d'autres endroits où l'on vendait des bagels cuisinés sur place. Bizarement, il y a les aficionados du Bagel Saint Viateur et de l'autre côté de la rue, ceux du Bagel Fairmount. C'est comme choisir une équipe de foot, on n'y déroge pas, on y reste fidèle. On ne peut pas expliquer pourquoi, mais c'est vicéral. Tout de même, une telle proximité géographique, pourquoi diable l'un plutôt que l'autre ? Il doit bien y avoir une différence, Dieu du Ciel !
Quand j'apprends que Céline Dion avait ses habitudes au Bagel Saint Viateur et qu'elle passait régulièrement se fournir chez son favori, c'en est trop, à moi désormais de choisir mon camp.
De retour de ma course aux Bagels je vide les poches (à part le nom inscrit dessus, elles sont identiques) de leur précieux contenu et je m'engage à les comparer scrupuleusement. Pour ce qui est de l'endroit même où sont fabriqués les petits bagels, la seule différence notable est la langue parlée par le vendeur, dans l'une le français, et dans l'autre l'anglais (tout comme le nom des rues). Les deux ouvrent 24h/24, leur prix ne diffère que de dix centimes de dollars.
A première vue les deux trous sont parfaitement semblables, bien que je ne sois pas allée jusqu'à compter les grains de sésame. La grosseur est la même, le poids également.
Reste ensuite le plus important, le goût. Une bouchée ne m'a pas suffit, j'ai attendu une deuxième, puis une troisième et ainsi de suite jusqu'à la dernière miette. Verdict surprenant : j'ai eu l'impression de manger exactement la même chose.
C'est donc, comme vous pouvez l'imaginer, avec tristesse que je conclue cet article sans pouvoir vous donner ne serait-ce qu'un argument valable pour différencier les deux meilleurs Bagels de Montréal. Un article inutile me direz-vous, eh bien non, car il est dit que seuls ceux qui sont restés assez longtemps dans la ville peuvent noter une différence et faire un choix. Il y a trop peu de temps que j'ai atterri ici, c'est pourquoi je m'en remets à vous, si vous avez un avis sur le sujet, pour nourrir l'intrigue qu'a suscité chez moi ce petit trou de rien du tout, et qui me laisse perplexe.
Il ne me reste donc plus qu'à être patiente et accepter que l'on ne devient pas Montréalaise en un mois.
Pour ma défense je signalerai tout de même que la meilleure boulangerie pour les chocolatines est celle située justement sur Saint Viateur, au croisement avec Clark, 100% pur beurre et ils ont même des chocolatines aux amandes... Un peu de nationalisme, ça ne fait pas de mal.
Et bon appétit bien sûr !
